Bon, bon, bon.
Disons en premier lieu que Bixi Poésie prend acte de l’opération « Mea Culpa au carré » de Bixi Montréal qui contraste avec sa première réaction intempestive à lâendroit de notre action dâembellissement de lâespace public.
Comme le disait Jean-Jacques Rousseau, « Si c’est la raison qui fait l’homme, c’est le sentiment qui le conduit. ». Et Dieu sait si le sentiment vous avait initialement mal conduit ! Heureusement, 904-880-4848, celle des médias sociaux et du pouvoir citoyen. Bienvenue au XXIe siècle et content dâavoir contribué à votre mise à jour !
Il nous fait donc plaisir de nous inviter nous-mêmes à cette table de négociation. En espérant bien naïvement que votre entêtement ne soit pas à la mesure de celui du gouvernement Charest. Et puisque cette position est à faire rougir dâenvie le mouvement étudiant, nous allons nous efforcer de mettre sur la table le plus simplement et le plus directement possible nos revendications.
Nous, ainsi quâune écrasante majorité de citoyen-nes (confirmée par les commentaires laissés sur votre page Facebook) ne voulons plus de publicité sur les Bixis et leurs supports. Le savoir et la beauté ne se monnaient pas. Lâintérêt commun doit toujours passer avant lâintérêt particulier et une société qui sâenferme dans une logique marchande pour justifier un écart à ce principe est une société à la dérive.
Nous trouvons malheureux que la SVLS sâenlise dans un vernis de rationalisation comptable à la petite semaine dont personne nâest dupe. Il faudrait d’abord avoir minimalement accès à lâensemble de vos états financiers pour juger de la justesse des chiffres que vous nous assénez comme des vérités. Il y a de toute façon un problème plus vaste que lâon doit considérer pour sortir des ornières à lâintérieur desquelles il est si facile de lancer des menaces apparemment inéluctables. Du genre : le prix dâutilisation va augmenter ou les services vont sâen ressentir. Dictats de la logique marchande trop souvent entendus.
Soyons clairs : Nous sommes pour les Bixis. Le concept de vélos en libre service est un moyen formidable de se déplacer en ville. La question nâest pas là . Ce qui nous horripile, câest l’obligation d’être quotidiennement exposés à cette pollution visuelle et mentale que constituent les logos de banques ou de multinationales. Les mêmes qui mettent en lock-out des centaines de travailleurs pour satisfaire les exigences de leurs actionnaires. Les mêmes qui, câest de notoriété publique, volent lâÃtat de milliards de dollars de revenus grâce aux abris fiscaux, et ce, avec la bénédiction du gouvernement en place. Ce même gouvernement (et nous vous faisons grâce ici des accusations de corruption qui pèsent en plus contre lui) qui vient ensuite nous dire quâil nâa pas les fonds nécessaires pour financer un système de vélo en libre service dans sa métropole ou encore un système dâéducation gratuit et accessible à tous.
Commencez-vous à comprendre lâampleur de notre colère ?
Lorsque vous nous répondez à coup de justificatifs à la petite semaine truffés dâomissions et de contradictions, nous pensons que vous ne comprenez pas encore.
Omission dâabord. Suite à notre action, pourquoi ne pas avoir dâabord demandé à vos commanditaires sâils vous obligeaient à respecter votre contrat avec eux, ou bien sâils nâétaient pas dâaccord avec lâaction et étaient prêts à laisser faire ? Vous nâavez probablement pas osé, le milieu des affaires ne parlant que le langage de l’argent, câest bien connu. Mais admettons que vous lâayez fait, cela voudrait dire que tous ont refusé. Cela ne serait pas étonnant de la part de Rio Tinto ou de Telus, mais décevant de Desjardins. La « coopérative » québécoise nâavait-elle pas admis lâan passé, suite à une vague dâauto-collants contre la marchandisation de lâespace public qui avait déjà ciblé la pub sur les ailes des Bixis, quâils auraient pu se montrer sur les vélos « dâune façon un peu plus discrète » ? Pourquoi avoir négligé cette ouverture ? Nos citations sur des collants verts auraient alors pu continuer à embellir la ville durant tout lâété.
Contradiction ensuite. Comme entourloupette finale, vous appelez les gens à vous soumettre leurs citations préférées et vous dites quâun « comité à lâinterne » trouvera un moyen original de les réutiliser. Quelle farce ! Comment voulez-vous que les gens vous soumettent des phrases quâils sont sensés voir sur les Bixis alors que dès la première journée suivant leur pose, vous vous êtes employés, avec un zèle hors du commun, à les arracher ?!!
Tout comme vous, nous sommes bons joueurs. Donc, avant que vous n’éclipsiez complètement tant dâintelligence par les vulgaires logos de vos tyranies privées, nous nous sommes appliqués à en dénicher quelques-uns qui, comme par hasard, répondent ci-bas point par point aux allégations de votre communiqué.
Considérez-les comme nos modestes soumissions à votre propositionâ¦
BixiPoésie
- 30 -
Voici donc le Mea Culpa au carré de BixiMontreal, agrémenté de nos réponses point par point…
Tout en poésie, bien entendu !
Bon OK.
Peut-être quâon a réagi un peu vite⦠mais quand même, je dois admettre que câétait
bien fait, que la réalisation était soignée, le « match des couleurs » réussi et les
citations bien choisies.
« Quand l’injustice devient loi, la résistance devient un devoir. »
Thomas Jefferson
Personnellement, jâai bien aimé une citation de Cocteau et une de Boris Vian mais je
nâai pas vu de Gainsbourg mais on me dit quâil y en avait. Chapeau pour
lâorganisation puisque pratiquement tous les vélos ont été tagués en moins de 24h.
Belle opération.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »
Mark Twain
Certains ont même suggéré lâidée de les garder en permanence. Est-ce une bonne idée
? Peut-être, mais ce nâest pas réaliste.
« Soyons réalistes, exigeons l’impossible. »
Ernesto Che Guevara
Lâinvestissement de nos commanditaires représente plus de 30 % de nos revenus
dâopération et permet de maintenir un coût abordable pour les utilisateurs. Il est
certain que sans la participation des commanditaires, il y aurait un impact au
niveau du prix dâabonnement et dâutilisation.
Rappelons que BIXI ne bénéficie pas de budgets colossaux comme ceux du Vélib qui est
financé par JC Decaux (le 3e afficheur mondial) en échange du monopole de
lâaffichage commercial de la Ville de Paris.
«Les baveux du million mal acquis
les éjarrés de la vente au plus offrant »
Gérald Godin
BIXI est financé par vos abonnements, lâutilisation occasionnelle et la contribution
des commanditaires. La location des espaces publicitaires aux stations rapporte
moins de 150 000 $.
Malheureusement, vous comprendrez que par respect pour nos commanditaires, nous
devrons les retirer.
« La publicité est la dictature invisible de notre société. »
Jacques Ellul
Il faut réaliser que lâinvestissement en temps que nous consacrerons à enlever les
auto-collants nous empêche de consacrer notre temps là où câest important pour vous
offrir un meilleur service: c’est-à -dire à lâentretien des vélos et à la
redistribution.
« Au ciel de qui se moque-t-on? »
Georges Brassens
Comme il faut être bon joueur, soumettez-nous vos citations préférées, nous ferons
un comité à lâinterne et nous vous les soumettrons au vote. Nous trouverons un moyen
original de les réutiliser.
« La poésie est une arme chargée d’avenir. »
Gabriel Celaya
(mp)
( BixiPoésie )